Le Short SA.4 Sperrin
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I. Origine
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Création/Mise à jour : 09/10/2003 |
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Juste après la seconde guerre mondiale, le Royal Air Force Bomber Command conserva sa politique d'utilisation de bombardiers lourds à moteurs à piston pour conduire des raids massifs avec l'Avro Lincoln, une version modernisée du Lancaster. Le développement des avions à réaction et des armes nucléaires a rapidement rendu cette politique obsolète. Le futur semblait appartenir aux bombardiers à réaction volant à haute altitude et grande vitesse pour exécuter des attaques nucléaires sur des cibles stratégiques. Certains prévoyaient déjà que les missiles Sol/Air rendraient un jour ces avions vulnérables, mais le développement de tels missiles était difficile, et les bombardiers rapides étaient susceptibles de servir pendant des années avant d’être trop vulnérables. D’autre part, les raids massifs étaient devenus inutiles puisqu’un seul bombardier pouvait raser une installation militaire ou une ville entière avec une arme nucléaire et l'arrivée de la guerre froide a également montré aux planificateurs militaires britanniques la nécessité de moderniser les forces britanniques et notamment de se doter de l’arme nucléaire. Dès 1944, les responsables Britanniques ordonnent au Joint Technical Warfare Committee (JTWC) de fournir un rapport sur les armes futures. Le rapport Tizard de juillet 1945 déclarait que la dissuasion nucléaire (défini comme étant la possession d’armes nucléaires, des capacités et de la volonté de les employer en cas de besoin) était une réponse aux menaces d'attaques nucléaires, bien que le concept était alors mal défini. La décision de développer un armement nucléaire Britannique est prise début 1947, et un organisme "High Explosives Research Division" est créé dans ce but. En 1950, la Grande-Bretagne démarre l’exploitation à Windscale d’un premier réacteur atomique puis d’un deuxième en 1951. Les deux réacteurs produisaient suffisamment de plutonium pour la construction de 30 bombes atomiques par an. En février 1952, le premier plutonium extrait, est livré à l’Atomic Weapons Research Establishment à Aldermanston, l’équivalent de notre CEA, pour être utilisé sur la première bombe A Britannique. |
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La Grande-Bretagne est alors confrontée au problème de la zone d’essai de ses nouvelles armes, le territoire national étant trop petit et peuplé pour tester des explosions nucléaires. Le centre d’essai US du Nevada a été brièvement envisagé, mais les Etats-Unis s'étaient déjà retirés de leur association en la matière avec la Grande-Bretagne, aussi la Grande-Bretagne a étudié des sites au Canada, en Afrique australe et en Australie. En raison de l’existence d’un accord signé en 1946 sur la création du Weapons Research Establishment, l'Australie a tout naturellement été choisie. La première bombe est alors embarqué à destination de l’Australie tandis que la matière fissile voyageait séparément. Cette pratique du transport séparé des bombes et de la matière fissile vers l'Australie semble avoir continué pour tous les essais des années 50. Le 3 octobre 1952, la Grande-Bretagne expérimente sa première arme nucléaire près des îles Monte Bello, au Nord-Ouest de l’Australie avec l’explosion de la bombe « Hurricane » (25 kilotonnes) sur la frégate HMS Plym. En octobre 1953, les tests sont poursuivis avec les deux bombes « Totem » (d’une puissance d’environ 10 et 8 kilotonnes) près du désert de Victoria en Australie du sud, cette fois-ci installées sur des tours en acier. Après la réussite des premiers essais nucléaires, les Britanniques mettent en service la bombe nucléaire à gravité « Blue Danube » en novembre 1953. C'était une bombe à fission utilisant au début du plutonium puis, plus tard, un noyau composite plutonium/U-235. Des essais ont également été effectués avec un noyau d'uranium pur. La « Blue Danube » avait une puissance nominale de 15 kt. Basée sur la première bombe « Hurricane », c'était essentiellement une arme de laboratoire construite en petite série. |
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D'un point de vue technologique, elle était probablement très semblable à la Mk 4 Américaine, qui était entré en service en 1949. Comme la Mk 4, elle avait un système de détonation à implosion avec 32 lentilles explosives et utilisait un noyau fissile suspendu à l’intérieur d’une sphère en uranium. La sphère explosive de 1,5 mètres de diamètre était installé dans un corps de 7,32 mètres de longueur. Ce corps était presque deux fois plus grand que ceux utilisés par les USA dans leurs bombes à fission de grand diamètre, ce qui donnait une arme plus encombrante mais plus stable aérodynamiquement. La « Blue Danude » fut constamment améliorée et il a existé beaucoup de variantes, presque autant que de bombes, certaines avec des puissances de 40 kilotonnes. Elle a également été testée à Buffalo Round le 4 octobre 1956 et le 11 octobre 1956 avec des noyaux de seulement 1.5 et 3 kilotonnes. Au total, environ 20 bombes « Blue danube » ont été fabriqués jusqu’en 1958 et sont restée en service jusqu'en 1962. Cependant, pendant la première moitié des années 50, la Grande-Bretagne n'avait aucun bombardier de construction nationale capable d’emporter ses armes nucléaires jusqu’en Union Soviétique. Avec réticence, les Etats-Unis louaient un certain nombre de bombardiers lourds Boeing B-29 à la Grande-Bretagne, qui rentrèrent en service dans la RAF en mars 1950, et furent renommés « Washington ». En 1952, deux « Washingtons », le WW353 et WW354, sont expédiés en Australie par le Ministry of Supply, pour expérimenter diverses armes à Woomera en Australie du sud. Après leur arrivée en Australie en septembre et décembre 1952, les deux appareils seront utilisés par l'Aircraft Research and Development Unit Trials. Ces « Washingtons » ne participeront cependant pas aux essais nucléaires, semble-t-il en raison du véto des Américains. |
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