À la réception des données du NM-1, le RSR a dû être en grande partie remodelé. Cependant, la construction n'a été que peu retardée, et début 1959 les plans pour les cinq premiers appareils R-020 de préséries sont remis à l'usine N° 99 à Ulan-Ude. Cependant, l'impressionnant avion de Tsybin avait des rivaux et des ennemis politiques. Beaucoup de stratèges pensaient, comme à l'Ouest, que les avions stratégiques étaient obsolètes et que les budgets devaient être transférés aux missiles et à l'espace.

Le 1er octobre 1959, Khrouchtchev ordonne la fermeture de l'OKB-256 de Tsybin, et le ministère transfére le programme RSR à OKB-23 de Myasishchev. Les usines et laboratoires de Poberez'ye était supervisés par Bereznyak. Le constructeur effectue alors une étude de faisabilité pour le R-020, mais en octobre 1960 Myasishchev est nommé directeur du TsAGI, L'OKB-23 est fermé et le service entier est assigné aux lanceurs spatiaux.

Le programme du RSR est de nouveau réaffecté, cette fois à OKB-52 de Tchelomey qui reprend le travail de Tsybin, mais avec de plus en plus de réticences en raison de l'empiètement sur les propres programmes de l'OKB-52. En avril 1961, en dépit des difficultés, cinq avions de préséries R-020 étaient presque terminés, attendant seulement l'installation des moteurs.

Ce même mois d'avril 1961, le constructeur reçoit l'ordre de cesser le travail sur le R-020 et de ferrailler les cinq avions. En fait, les appareils seront d'abord stockés en vue d'une possible réactivation du programme. Quatre ans plus tard, les avions sont effectivement ferraillés hormis quelques éléments de fuselage visibles à l'institut d'aviation de Moscou.

Le fuselage des RSR/R-020 différait sur plusieurs points de la version 1957. Les ailes étaient remodelées avec huit longerons au lieu de cinq et des nervures usinées entre l'emplanture et la nacelle moteur. Le bord de fuite était équipé d'ailerons avec un débattement maximum de 10°. L'envergure était augmenté par l'ajout d'une courte section à l'extérieur des nacelles moteur.

Selon Tsybin, ces extensions, ajoutées suivant les recommandations du TSAGI, n'ont pas eu l'effet désiré et n'ont jamais été installées mais elles sont visibles sur les plans trois vues disponibles. En fait, le TSAGI voulait une refonte totale de l'aile, comme celle ultérieurement pour des dérivés du RSR.

L'empennage était également remodelé avec des empennages horizontaux de plus grande surface et une envergure de 3,8 mètres. L'APU était déplacé en avant, exigeant le raccourcissement du réservoir N°6. L'empennage vertical était également moins haut et avec une flèche plus importante. L'aileron ventral était simplement supprimé.

Le train d'atterrissage principal était remodelé avec un bogie à quatre roues avec des pneus de 750 x 250 millimètres.

Les moteurs étaient installés dans des nacelles plus longues et plus minces, avec des cônes d'entrée d'air axial. Il n'y a aucune raison de penser que la présérie RSR/R-020, n'aurait pas eu les performances annoncées. L'appareil a souffert de l'obsession du Kremlin pour les ICBM et l'espace et de la pensée dominante de l'époque, à l'Est comme à l'Ouest selon laquelle les avions militaires seraient tôt ou tard remplacé par des missiles. Seul les Etats-Unis ont eu la sagesse et les ressources pour créer un avion de cette classe, d'abord le Lockheed CL-400 puis après son abandon, la famille du A-12 et du SR-71.

Sources :

Avions Tsybin
Russian Aviation Museum